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Départ sous la pluie

Nous partons de Pokhara à 864m, sac au dos. Nous avons acheté du matériel sur place et pris nos permis de l'ACAP (Annapurna Conservation Area Project). Jeff (l'Américain en vélo couché, devenu un ami) se joint à nous. C'est donc à 3 que nous nous élançons pour le trek le plus célèbre du Népal.
Nous décidons de partir sans guide ni porteur, car nous connaissons tous assez bien la Montagne et le chemin est bien indiqué selon les Népalais. Au début il fait très chaud et humide, nous traversons une épaisse forêt sous une pluie moite et la visibilité est réduite. Le chemin est très raide, mais nous sommes plus que motivés.


Les villages népalais

Pour comprendre le Népal, il faut savoir que la route qui va à Kathmandu ne date que de 1950 ! Avant la majorité des gens se déplaçaient à pied. Dans le reste du Nepal, des milliers de chemins parcourent les différents étages de l'Himalaya. Les villages ne sont reliés que par des sentiers très anciens, mais de très bonne qualite et recouverts de pierre. La majorité des villages sont donc inaccessibles aux voitures. Ce sont ces villages que nous avons traversés durant notre périple, nous plongeant en plein coeur de la vie rurale népalaise.
Les villages sont tous tres mignons et les gens très accueillants, à chaque arrêt, on nous dit combien de temps de marche il faut jusqu'au prochain village et si ça monte ou si ça descend !. C'est d'ailleurs le cas, le chemin oscille continuellement entre 1500m et 2000m et est très très raide. Souvent les Népalais ont construit des escaliers pour pouvoir monter plus facilement... Nous sommes souvent doublés par des Népalais portant de très lourdes charges uniquement avec leur tête.


   
Seuls

Nous sommes en pleine Mousson et le contexte touristique dégradé du Népal fait que nous n'aurons croisé que 4 étrangers durant nos 6 jours de marche. Dans les refuges (qui sont en fait des maisons d'hôtes "Guesthouses"), lorsque les Népalais nous voient arriver, ils sont assez surpris et veulent toujours que l'on reste ici plutôt que aller au refuge suivant. De plus, ils sont très contents car les touristes en basse saison sont les bienvenus, nous sommes donc souvent tres bien accueillis. Un proverbe népalais dit d'ailleurs : "Viens comme un invité, repars comme un ami".
Chaque jour, le temps est toujours le même, Matin tôt : beau temps, Midi : couvert, Soirée : on revoit les montagnes et enfin pluie toute la nuit !
Rencontre avec les maoïstes

Un soir, dans un refuge tenu par une dame très sympathique, on voit approcher 3 jeunes hommes qui nous demandent de quel pays l'on vient. On répond "France" et Jeff "America", les garçons passent leur chemin. La dame nous dit que ce sont des maoïstes (ça fait longtemps qu'elle n'en a pas vus rôder dans le coin) et qu'il vaut mieux dire qu'on vient tous de France. En effet les maoïstes font payer des taxes aux touristes en fonction de leur nationalité et les Américains payent apparemment le max !!! 10 minutes plus tard, ils reviennent avec leur chef qui nous donne des prospectus en anglais pour nous expliquer que nous sommes dans une region autonome maoïste et que la victoire est proche (Bref un bon ramassis de sornettes, ces gens là sont de la même fibre que les Khmers rouges). Il nous dit qu'il faut payer une taxe pour notre securité, on joue les imbéciles, on fait croire qu'on ne comprend pas l'anglais, on dit qu'on a déjà un permis du gouvernement, bref on refuse de payer ces pseudo révolutionnaires qui recrutent dans les écoles !Il s'énerve, baisse le prix mais on refuse toujours de payer. On ne va pas supporter des gens qui pillent les maisons des Népalais. Bref, il se fâche, nous dit qu'on aura à payer à l'armée révolutionnaire et qu'il faudra faire demi tour, puis il s'en va... La dame qui s'était cachée, revient et est bien contente d'apprendre que nous n'avons pas payé. Elle nous explique que nous "étrangers" nous ne craignons rien mais qu'elle peut craindre pour sa vie, si elle ne répond pas aux exigences des maoïstes (censés améliorer la vie au Nepal !) C'est gai. Elle nous dit que souvent les touristes paient et trouvent les maoïstes très sympas !!!
Vers les sommets

Nous continuons notre chemin, en enchaînant de magnifiques paysages : forêts denses, rivières tumultueuses, pierriers, névés, ponts suspendus, cultures en terrasses. Vers 3500m, les effets de l'altitude se font sentir et nous progressons plus lentement. De plus, il fait beaucoup plus froid et ça fait longtemps que nous n'y étions plus habitués. A 4000m nous retrouvons la végétation des Alpes de 1500m ! Les sommets sont si hauts et si impressionnants, qu'on se sent tout petits, enfin nous arrivons comme d'habitude à Annapurna South Base Camp, seuls.

    
Le Sanctuaire

Nous sommes à 4130m, nous sommes dans un cirque entouré de sommets frôlant les 8000m. Les glaciers partout, les moraines, les bruits de chute de pierres, le silence, les petits temples bouddhistes, les nombreuses stèles en mémoire des alpinistes morts dans la montée au pic. Le spectacle est époustouflant et nous sommes fascinés par ces montagnes culminant à 4km au dessus de nos têtes et dont certaines n'ont jamais été conquises.
Le gardien du refuge nous rappelle que depuis 1970, les expéditions pour gravir l'Annapurna 1 ont toutes echoué, c'est un véritable mur de glace. Le soir nous avons du mal à dormir et faisons de drôles de rêves, le matin les montagnes nous semblent menaçantes avec le mauvais temps qui se lève...

Descente pluvieuse

Il nous faut refaire le chemin dans le sens inverse mais nous pouvons changer un peu d'itinéraire. La descente est difficile car le chemin est gadouilleux et glissant, on a du mal. Un après midi, la mousson s'abat sur nous et le chemin se transforme en rivière, pour ne rien arranger Maud souffre de la cheville. Heureusement le refuge nous attend et nous voit arriver trempés.
Plus on descend, plus on retrouve l'atmosphère moite et les petits villages. On change de chemin pour rentrer et nous atteignons enfin Pokhara après 6 jours de marche de plus de 7 heures et 5575 m de dénivelé positif !


   
On the road again

Le temps de soigner nos ampoules, de revendre notre matos de rando et de nous réhabituer aux moustiques. Nous partons demain sur FLB pour continuer la route de l'Himalaya.
   

Voyager à vélo c'est mieux !


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