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Les
sauterelles arrivent...
Durant
la route entre Haut et Anti Atlas, nous voyons apparaître progressivement
sur la route des sauterelles mortes, jusqu'ici pas d'affolement.
Au fur et à mesure que nous avançons, il y en a de plus en plus,
en outre nous ne nous sommes pas aperçu que quelques nuages de
sauterelles commencent à tournoyer au dessus de nos têtes.
C'est très impressionnant, surtout lorsque l'on lève les yeux
et que l'on voit ces milliers de petits points noirs bouger en
même temps. Quelquefois, on entend le bruit d'une sauterelle qui
s'est prise dans la roue " Schraaak ". Heureusement, elles ne
sont pas rancunières, car si elles décidaient de nous attaquer,
nous serions vite étouffés sous la masse.
Nous nous sentons un peu comme dans le film " Les Oiseaux " de
Hitchcock, en espérant qu'il ne va pas y en avoir de plus en plus
au prochain virage. Nous imaginons facilement ce que ces nuages
de millions de sauterelles peuvent provoquer comme dégâts.
On se croirait sur Mars
On
ne sait pas si les images que la NASA nous montre viennent réellement
de Mars, mais ils pourraient facilement les prendre au Maroc.
La terre est rouge et poussiéreuse et les canyons sont impressionnants.
Seules les palmeraies viennent nous rappeler que l'eau est présente
et que nous sommes sur notre bonne vieille Terre.
Le Sahara
Notre
premier contact avec le Sahara est superbe, nous voyons lentement
se dessiner au loin les dunes de l'Erg Chebbi (partie marocaine
du grand Erg occidental d'Algérie).
Les dromadaires nous regardent, étonnés, se demandant pourquoi
nous avons deux bosses alors que eux n'en ont qu'une. Contrairement
à ce que croit la majorité des gens, le Sahara n'est pas un désert
de sable, seuls 15% du désert est constitué de dunes de sables
(Erg), le reste n'est qu'un vaste désert de pierre (Hamada)
Le
vent notre pire ennemi
Lorsque
nous longeons le Sahara, les routes droites commencent. Nous les
voyons se prolonger à l'infini et c'est dur car nous n'avons pas
l'impression d'avancer. Maud préfère la montagne car les points
de repère changent. Surtout que ce maudit vent marocain a juré
notre perte, toute la journée, il nous siffle dans les oreilles
en nous bornant à une vitesse de 10 km/h sur le plat. C'est rageant.
Nous avons beau tout essayer, chanter pendant des heures " Ma
mère avait 35 poulets, il n'en reste plus que 34 " puis 33, 32…
" Allongeons la jambe la jambe car la route est longue " ce vent
ne nous lâche pas. Il ne s'arrête que le soir alors que nous plantons
la tente, de quoi nous donner envie de pédaler la nuit !
Les
enfants marocains
Dans les campagnes, nous rencontrons souvent des enfants mais
il faut bien avouer qu'ils représentent pour nous un danger. Souvent
avant d'arriver dans les villages nous voyons au loin des petites
têtes qui sortent de partout et 30 secondes plus tard des petits
groupes d'enfants courent à vitesse grand V pour nous rejoindre
sur la route.
Quand nous avons de la chance c'est juste pour nous dire bonjour
et nous faire coucou, ou alors s' ils ont des vélos, c'est pour
faire la course avec nous, ils sont en général tous fiers de nous
montrer qu'ils peuvent nous dépasser et nous font de grands sourires
quand ils arrivent a notre hauteur, mais lorsque la descente arrive
ils sont bien étonnés de voir que " Fends la Bise " atteint une
vitesse dont ils ne peuvent assurer le rythme. Mais le plus dur
pour nous c'est de les rencontrer quand nous sommes en côte car
comme nous n'allons pas très vite ils peuvent facilement monter
sur la remorque, dans ce cas, comment leur faire comprendre qu'ils
sont trop lourds et qu'ils pourraient la casser.
Puis il y a ceux qui aimeraient bien nous piquer cette espèce
de chiffon bleu qui sèche sur notre remorque, sans réfléchir que
c'est simplement une serviette, mais juste pour le plaisir de
nous l'avoir chapardée. Car il faut comprendre qu'ici on manque
de tout.
Nous avons souvent remarqué que les enfants étaient plus gentils
avec nous dans les villages où il y a une école car au Maroc seulement
78% des enfants sont scolarisés dans le primaire. Nous remarquons
aussi que les filles sont beaucoup plus sages et moins friponnes.
Les garçons sont souvent insolents et très agités. Ici toutes
la journée, il y a des enfants dans les rues de 5 ans à ..., ils
cirent les chaussures font de petits travaux, à la campagne ils
vont chercher l'eau, travaillent dans les champs et vont a l'école
pour certain, bien sûr les enfants représentent une source
de revenu pour les parents et ils ne peuvent certainement pas
aller toute la journée à l'école. Ils faut aussi aider àla
maison, surtout pour les filles qui aident leur mère pour la cuisine,
la vaisselle, le linge et les garçons...
Mais il y a tous les autres, les enfants des parents qui ont plus
d'argent, ils peuvent aller a l'école comme en France, il y a
aussi des écoles privées, ils peuvent même rêver de terminer leurs
études a l'étranger, mais le problème qui reste, c'est que l'Etat
leur propose plein de diplômes sans les débouchés derrière alors
à quoi bon avoir un Bac +5 en droit pour être épicier à
Oued Laou, et il y a aussi le problème des jeunes filles qui seront
contraintes de rester à la maison avec leurs études alors
à quoi bon...
Notre
plus belle rencontre
A 1970 m dans le Moyen Atlas, alors que Matthieu a un petit creux
après la côte, nous décidons de faire une petite pause ravitaillement,
comme c'est le ramadan nous veillons à ce qu'il n'y ait
personne pour nous voir manger, donc personne à l'horizon,
on installe FLB sur sa béquille, Maud ouvre la remorque et dans
le coin de son œil, aperçoit juste à côté
d'elle deux petit pieds sortis de nulle part. C'était Moha, apparemment
5 ans fils de Berbère, qui vivait là, certainement dans
une tente cachée derrière un bloc de montagne. Il nous regarde
chercher dans notre remorque, il est tout calme, on tente un brin
de conversation avec les quelques mots que nous connaissons et
il répond toujours la même chose avec sa petite voix, il regarde
FLB, regarde sous la remorque, on a vraiment l'impression d'être
des martiens pour lui. Alors quand Matthieu attaque sa pomme,
nous la partagons avec lui et lui offrons une madeleine emballée
dans du plastique, il la tient comme ci elle était fragile, et
c'est là que nous voyons qu'il n'a pas compris que ça se
mange.
L'agriculture
Avant
de traverser l'Atlas, nous avons assisté à la récolte des oignons.
Les gens les ramassent directement à la main et les mettent dans
un camion, une fois rempli, tout le monde remonte avec les hommes
par dessus les oignons. Puis ils les font sécher sur un lit de
pierre d'environ 1m de haut recouvert par de la paille et une
bâche en plastique, enfin nous les retrouvons au Souk. Après l'Atlas,
nous avons vu le séchage du maïs sur le toit des maisons ou bien
étalé en rond sur le sol.
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