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La frontière interminable
Nous revenons donc devant notre
meilleur ami, le douanier indien ! Nous allons attendre
ici au moins une heure trente alors que nous sommes seuls.
La bureaucratie indienne en action ! Il va vérifier sur
5 gros cahiers si nos noms figurent sur les listes d’étrangers
recherchés pour des délits en Inde, alors forcément
ça prend du temps !!! Puis il patiente encore un peu avant
de nous mettre enfin son tampon. Puis d’un coup il devient
tout gentil car il a décidé qu’il aimerait bien essayer
Fends La Bise, alors là tu peux toujours rêver mon
gars !!!
Nous voici donc entrés dans le deuxième pays le plus
peuplé au monde et bientôt le premier.
Premières impressions
Pour une fois, les premières impressions
ne seront pas les vraies, la route est bonne, la circulation
correcte et il y a toujours des petits villages. Mais tout
cela change vite lorsque nous arrivons dans la première
ville. C’est difficile de décrire l’agitation qui règne
ici, c’est le bazar complet : les voitures, les piétons,
les rickshaws, les motos, les camions roulent dans tous
les sens et s’entrecroisent à gros coups de klaxons.
La ville est d’une saleté répugnante et l’odeur ambiante
est comment dire… nauséabonde !
Nous passerons notre première nuit dans un hôtel vieillot
où il y a un mariage (donc de la musique indienne à
fond toute la nuit). Nous discuterons d’ailleurs mariage
avec le gérant qui nous apprend qu’en Inde 80% des mariages
sont arrangés et que seuls 20% sont des mariages
d’amour. Il est d’ailleurs bien content que ses parents
s’occupent de lui trouver une femme (même s'il ne l’aime
pas, elle sera du même monde que lui) et nous avoue que
les mariages d’amour sont voués à l’échec
!
Sur la route indienne
Nos
4 jours de route indienne seront brefs mais intenses en
peur ! Les gens conduisent comme des tarés et en
rigolent. Les camions, les bus fous contenant plus d’une
centaine de personne se doublent nous obligeant à
plonger dans le bas côté plein d’ordures et
de boue.
Les camions accidentés sont monnaie courante, quelquefois
ils ont carrément l’essieu cassé net et sont renversés au
milieu, le chauffeur est assis à côté
l’air ahuri se demandant comment il va faire pour le remettre
debout ! Puis il y a les missiles non identifiés, des sortes
de Batmobiles avec 20 personnes dedans qui passent en tanguant
à côté de nous.
C’est celui qui sera le plus fort qui passera, lorsqu’un
camion double, tout un joli monde le suit derrière avec
la main sur le klaxon disant « Je suis là, je suis
le plus fort et je passerai » risquant de percuter les autres
qui arrivent en face et qui finissent dans l’arbre, nous
hallucinons ! Le pire c’est que nous ne sommes pas sur une
route principale…

La misère
A chaque fois qu’on arrive dans
une ville, la route laisse place à une piste défoncée (pire
qu’au Cambodge) avec des trous béants, tout le monde klaxonne
pour passer le premier. Il faut souvent se boucher le nez,
tellement l’odeur d’immondice est terrible, il y en a partout,
sur la route, sur les côtés, dans les maisons,
les gens vivent sur les ordures et personne ne ramasse rien
(Au Vietnam, en Chine et au Cambodge les gens balayent dans
les rues et nettoient un peu). Mais ici rien, on a l’impression
que les immondices ne dérangent personne, ou alors que les
gens se sont habitués. Des centaines de corbeaux tournent
autour des décharges.
Ici, les enfants ne nous courent pas après comme d’habitude,
non ils travaillent dans les ateliers, recherchent à
manger dans les décharges, mendient, essayent de survivre
dans cet enfer.
Le pire, c’est lorsque l’on voit passer une belle voiture
d’une famille indienne aisée, elle passe avec un petit garçon
comme les autres en bel uniforme et la mère obèse pleine
de bijoux qui regarde les autres avec mépris, chacun dans
son monde !
Par contre, nous mangeons divinement bien dans ce pays :
naan, mangues, raita, chicken curry, daal et les gens des
marchés sont super sympas.
On perd notre compteur
Notre beau compteur dont l’attache
était cassée et qui tenait par un élastique tombe soudain
sur la route. Manque de bol énorme, on roule dessus, il
est ainsi projeté dans la végétation sur le bas coté. Au
même moment nous nous prenons une pluie d’anthologie sur
la tête. Nous allons chercher dans les ordures et dans la
boue en essayant de trouver notre petit compteur sans succès,
avec les Indiens qui nous indiquent des endroits alors qu’ils
ne savent même pas ce qu’on cherche !!!
La guerre est déclarée
Maud est au bord de la crise de
nerf, lorsqu’on engueule les gens, ça les fait rire et ils
ne comprennent rien et klaxonnent de plus belle. Le lendemain
matin, on prend des cailloux dans nos poches et on fait
justice nous même. Lorsqu’un fou manque de nous renverser
en arrivant à contresens, Maud lui décoche un beau
caillou dans le pare brise et Poc !, on fait pareil sur
les motos, et les camions, ça ne sert pas à
grand-chose mais ça défoule ! Le pire c’est que les gens
continuent à nous regarder d'un air ahuri et rigolent.
A chaque fois que nous touchons un ennemi, nous lançons
un grand cri de victoire, nous sommes devenus des guerriers
de la route.
Les flics quant à eux sont calmement assis sur le
bord de la route en lisant le journal et lorsque il y a
un gros bazar à l’entrée de la ville, ils discutent
calmement entre eux, Rahhhhhh !
Arrivée a New Delhi
Dans la banlieue de Delhi on peut
voir les choses suivantes en l’espace d’une minute : des étudiants
sortant d’une école prestigieuse, une famille qui fouille
une décharge, des jeunes jouer au cricket, un bidonville
de tentes, un camion renverse, un beau 4x4, des mendiants
qui dorment sur l’autoroute…
Nous poussons un « Ouf » lorsque la route devient enfin une
2x2 voies, au moins nous ne nous risquons plus de nous prendre
un bus en pleine face (quoiqu’on ait vu un camion rouler à
contre sens).
Après avoir passé l’immense montagne qu'est la décharge
de Delhi, nous avons un nouveau choc, nous entrons dans New
Delhi.
Ville verte planifiée par les Anglais au début du siècle,
la ville est belle, bien construite, les militaires avec des
uniformes rutilants gardent le soldat inconnu devant India
Gate !!! Nous rejoignons ensuite l’ambassade de France pour
retrouver Mathieu, un de nos meilleurs amis du lycée, expatrié
ici. Nous sommes dans un autre monde et la capitale de l’Inde
n’est assurément pas à l’image du pays. Mais selon
notre pote Mathieu, l’Uttar Pradesh est l'état le plus pauvre
et le plus conservateur pour le système des castes. Espérons
qu’il nous fera découvrir une autre Inde. D’ici là,
une bonne nuit de repos ne sera pas de trop pour oublier la
route de l’enfer…
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